David Bobée
- Mélanie DUQUESNE
- 19 janv. 2018
- 2 min de lecture

En 2014 le metteur en scène et scénographe David Bobée présente sa pièce Lucrèce Borgia. Adaptation de l'oeuvre de Victor Hugo, Bobée fait le portrait d'une femme seule dans un monde d'hommes "que l'on découvre impitoyable, monstre sanguinaire, une bête que l'on ne peut abattre, figure du pouvoir machiavélique mais qui se détruira d'elle-même par le peu qui lui reste de son humanité : son fils". Sur la scène de l’eau, des comédiens, des danseurs et acrobates. Béatrice Dalle est magistrale pour son premier rôle au théâtre. L'eau s’explique par le lieu où se déroule l’action : Venise et devient très rapidement un élément au service de la création du sens. Les jeux de lumières et de reflets, le jaillissement de l’eau semblent repousser les limites de l’espace scénique. Ces effets créés par l’eau prennent sens lorsque les compagnons de Gennaro traduisent leur mépris envers Lucrèce en l’éclaboussant : l’eau apparaît alors comme un prolongement de leurs corps pour venir frapper le « monstre » et l’humilier. Cette pièce avait été une redécouverte de l'oeuvre et j'ai particulièrement apprécié la mise en scène. L'espace scénique était devenu subjuguant, les actes s’enchaînent les uns après les autres. J'avais été très admirative du jeux d'acteurs, qui se révélaient puissant et très juste.

Après son succès avec Lucrèce Borgia, Bobée revient avec sa nouvelle pièce Peer Gynt. Même metteur en scène, même troupe, même beauté du jeux et des décors. "Soyez vous-même ? ! Mais c’est quoi, être soi ? Peer Gynt est le voyage délirant d’un homme qui rêve sa vie et s’insurge contre le réel. Tout est faux, tout est fou. Ah oui ? Roi du mensonge, Peer Gynt voudrait être empereur du monde. Mytho, frondeur, fainéant, il fuit sa mère, son amour, ses responsabilités pour partir en quête de celui qu’il veut être. Parce que c’est quoi, être au monde ? De l’adolescence à la vieillesse, la vie de l’intrépide est un voyage initiatique. Il part pour l’Orient, l’Afrique et le pays des Trolls, se fait marchand d’esclaves, prophète, naufragé… S’il est le fou qui fuit tout, il est aussi l’audacieux qui ose sa vie." La pièce s'ouvre sur des immenses échafaudages, des montagnes russes démantibulées et la tête géante et brisée d’un clown. Le décor modulable et le jeux des acteurs est rythmé par le talentueux musicien Butch McKoy qui mène l’aventure d’un rock sulfureux. Ayant déjà été conquise par Lucrèce Borgia, je m'attendais à un véritable frisson en découvrant cette nouvelle pièce du metteur en scène. Chaque acte était magnifié par le jeux d'acteurs et par des instants de beauté tel que le tourbillon de la marié, celui de la caravane et les ombres portés par le "messie".
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